vendredi 1 avril 2011

Essais nucléaires français en Algérie

'' Deux choses sont infinies : l’Univers et la bêtise humaine. Mais, en ce qui concerne l’Univers, je n’en ai pas encore acquis la certitude absolue."
Albert Einstein



Le 13 février 1960 en Algérie, à 7 h 04, à 40 km au sud de Reggane, avait lieu le premier tir nucléaire français, la bombe atomique française ou bombe A. Hamoudia a été le point zéro de l’explosion.

Cette bombe avait atteint une puissance de feu nucléaire estimée à trois fois la puissance de la bombe larguée sur Hiroshima ! La France entrait dans le club des puissances nucléaires militaires, saluée par un « Hourra ! » du général de Gaulle et un titre à la une du journal Le Monde. Malgré le moratoire décidé en 1958 par les USA, l’ex-URSS et la Grande-Bretagne interdisant les essais nucléaires atmosphériques, la France déclenche sa première série d’essais atmosphériques en Algérie, utilisant des bombes au plutonium et à l’uranium.

D’autres explosions aériennes ont suivi au même endroit, le 1er avril 1960, le 27 décembre 1960 et le 25 avril 1961. Lors de ce dernier tir, la bombe n’explosa pas conformément aux directives. 195 soldats furent irradiés dont une dizaine mourront contaminés. A partir du 7 novembre 1961, les autorités françaises décidèrent d’effectuer les futurs tirs atomiques dans des galeries souterraines creusées dans les montagnes du désert, au Hoggar, notamment à In Eker à 150 km au nord de Tamanrasset, dans le sud-ouest algérien.

L’objectif étant d’éviter toute contamination de l’environnement car toute « la poussière dégagée au cours de l’explosion ainsi que les gaz radioactifs étaient ainsi confinés dans le cône d’éboulis formé à l’intérieur de la chambre après l’explosion et devaient se fixer dans les roches, du moins en théorie ». Cependant, le succès attendu fut un autre échec, lors du second tir, le 1er mai 1962, l’explosion souterraine provoquant l’écroulement de la montagne libérant un nuage radioactif dans l’atmosphère. Celui-ci atteignit 2.600 m d’altitude et fut suivi sur une distance d’au moins 600 km. Parmi les victimes, 17 sont répertoriées et sont mortes de leucémie.

Le tir suivant, le 18 mars 1963, libère également de la radioactivité dans l’air. Ces opérations étant secrètes, aucun avertissement n’a été donné à la population locale pour se prémunir des effets de la radioactivité. Au contraire, selon des nombreux témoignages, ces militaires ont poussé la barbarie à l’extrême en exposant 150 prisonniers algériens, des résistants pour la plupart, à environ un km de l’épicentre. L’objectif « scientifique » étant de voir les effets des radiations sur ces cobayes humains. Les militaires français ont toujours nié ce fait.

DES ALGÉRIENS COMME COBAYES Les effets des essais nucléaires, atmosphériques à Reggane et souterrains à Tamanrasset, continuent à se faire ressentir avec des pathologies caractéristiques des radiations. Bien que les décédés n’aient pas été recensés car considérés morts de mort naturelle à l’époque faute d’encadrement sanitaire, les maladies sont évidentes même chez les animaux.

Ainsi, comme démontré par de nombreuses études, les populations de Reggane et de In Ekker à Tamanrasset souffrent encore des effets de ces essais qui ont coûté la vie à des milliers de personnes et engendré des maladies graves, les cancers notamment et les leucémies dépassent de manière sensible la moyenne dans la région où l’on constate également des cas de malformations chez les nouveau-nés et une baisse de fertilité des personnes. M. Chennafi est l’une de ces victimes.

Un jour, il fut enlevé avec cinq de ses amis à Staouéli (Alger) pour être déportés à Reggane où ils devaient travailler jour et nuit pour préparer les installations de la bombe nucléaire. Le jour « J », il est placé ainsi que d’autres de ses compatriotes à quelques kilomètres du lieu de l’explosion. La lumière dégagée par l’explosion lui brûla les yeux. Plusieurs militaires et médecins français ont confirmé l’utilisation par l’armée française d’habitants de la région ou de Ghardaïa afin de "tester l’effet des radiations" sur eux.

Ces derniers ont été placés dans les lieux servant de théâtre des opérations sans protection aucune. Les survivants n’ont bénéficié d’aucun traitement contre les radiations nucléaires par la suite. Ainsi, des milliers de travailleurs algériens et un groupe d’appelés français ont été exposés sciemment aux explosions sans protection alors que des personnalités présentes ont bénéficié de combinaisons et de masque anti-gaz. Selon les données, 24 000 civils et militaires ont été utilisés dans ces explosions sans compter la population de la région. Les effets dévastateurs de ces essais consistent dans la radioactivité et la pollution qui a ravagé tout l’écosystème de la région et même des pays voisins.

Il est reconnu que les essais atmosphériques se sont avérés très polluants en irradiant le sol algérien tout en causant un grave préjudice écologique dont témoignent encore les roches noires et les terres brûlées. Car les bombes fabriquées avec du plutonium, connu pour être plus toxique que l’uranium, sont un véritable poison pour l’environnement et les humains. La radioactivité du plutonium utilisé mettra 24 000 ans pour voir ses effets diminuer de moitié, selon les chercheurs.

Quarante-huit ans après les essais, la persistance de la menace radioactive pèse toujours sur une large portion du territoire algérien surtout que la puissance des vents sahariens a dû disperser les éléments radioactifs sur une très grande surface.

De novembre 1961 à février 1966, la France a effectué treize tirs en galerie dont quatre n’ont pas été totalement contenus ou confinés. En 1966, la France abandonna ses expériences au Sahara, selon les accords d’Evian.

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